Nobility of the World Volume VIII - Albania La Noblesse D'Albanie By
Thomas FRACHERY © 2010 Chercheur
- Université Paris II - Panthéon-Assas Lauréat de l'Institut de France
La noblesse d'Albanie (Bujaria
ou Fisnikeria shqiptare) est une catégorie de familles que l'on pourrait appeler de « fondamentales ».
Très hétérogène quant à sa composition, elle s'est historiquement constituée suivant
un processus qui a vu s'agréger à la fois des éléments provenant des traditions propres du pays
- les chefs des principaux clans albanais - et des apports extérieurs redevables aux puissances étrangères
qui ont dominé le territoire albanais dans la durée. Il y a ainsi eu une noblesse albanaise d'origine romaine,
puis byzantine, vénitienne, angevine et ottomane. Inversement, l'Albanie n'a pas fait qu' « importer »
sa galaxie nobiliaire de l'étranger : elle a aussi « exporté » un certain nombre
de grandes familles et doté certains pays de leur grande noblesse. Les princes Ghika de Valachie, les principales familles
nobles d'Hydra, de l'Epire grecque et de la Morée, différentes grandes familles de l'indépendance grecque,
la Maison royale d'Egypte ou encore la dynastie des grands vizirs Köprülü sont de vieille souche albanaise.
Les bouleversements historiques dont l'Albanie a fait l'objet depuis la fin de l'Antiquité ont sans cessé provoqué
des déchirements des différents tissus nobiliaires, mais entraîné aussi leur reconstitution. Si
les grandes noblesses byzantines, vénitiennes ou angevines se sont défaites à cause de multiples facteurs,
leur potentiel foncier et humain n'a pas disparu. Malgré les invasions et la percée de l'islam à partir
du XVIIe siècle, les clans albanais qui avaient fourni, au Moyen-Age, les contingents de cette ancienne noblesse, revinrent
sur le devant de la scène et retrouvèrent en partie leur rôle historique central. En même temps,
la décomposition tribale et les débuts des migrations albanaises des XVIIIe et XIXe siècles, créèrent
les conditions de l'entrée en scène de phratries puissantes, elles-mêmes divisées en grandes familles.
Ayant quitté leur terre d'origine, sans jamais couper les ponts avec leurs proches en Albanie, diverses phratries ou
familles, notamment de religion orthodoxe, gagnèrent Constantinople dès la fin du XVIIIe siècle pour
y faire fortune. Leur protection était assurée par le statut privilégié de Romaïon (Roum-milet)
que le sultan avait accordé dès 1456 aux Chrétiens orthodoxes réfugiés sous l'aile protectrice
du Patriarche grec de Constantinople. Ces familles albanaises de religion orthodoxe furent rejointes par des grandes familles
albanaises de confession musulmane qui servaient la Sublime Porte dans l'armée, l'administration ou la diplomatie et
contribuèrent ainsi puissamment, de 1878 à 1912, à l'émergence de la nation albanaise. La plupart
des pères de l'indépendance de l'Albanie, survenue en novembre 1912, sont issus de ces familles « fondamentales »
que sont les Vlora, les Vrioni, les Toptani, les Zog, les Frasheri, les Libohova, les Turtulli, etc., de même que la
plupart des écrivains de langue albanaise du XIXe siècle. Ces mêmes familles monopolisèrent, de
1912 jusqu'à l'instauration de la dictature communiste en 1946, la direction du pays. L'une d'entre elles, la Maison
de Zog, accéda au trône d'Albanie en 1928 devenant ainsi une famille souveraine. La date de 1928 est d'ailleurs
à prendre comme un terme ad quem de la constitution des grandes familles historiques en Albanie. La royauté
des Zog n'en fera pas émerger d'autres et s'appuiera sur celles qui jouaient déjà un rôle politique
et culturel majeur dans l'histoire du pays. Le régime communiste qui dura de 1946 à 1992 dispersa violemment ces familles de haut rang et en effaça
jusqu'aux souvenirs. L'historiographie officielle minimisa leur rôle, pourtant capital, dans le combat pour l'indépendance
et la constitution de l'Etat albanais. Les membres des grandes familles qui ne parvinrent pas à fuir l'Albanie furent
emprisonnés, assassinés, déportés ou réduits au silence. Aujourd'hui une certaine confusion
règne sur la qualification de « grande famille » (Derë e madhe, familje e madhe, Oxhak i
madh, Konak) qui en Albanie exprime souvent la noblesse. Beaucoup ont tendance de nos jours à user de ce qualificatif
historique précis pour donner à leurs familles, honorables peut-être, mais non « fondamentales »,
des origines et un contenu nobiliaire ou aristocratique qu'elles n'ont jamais eus. L'exposé des composantes de l'aristocratie albanaise
et de son droit propre ne peut se faire sans qu'aient été dégagés les critères constitutifs
de cette classe et sans qu'ait été donnée une définition conforme à sa réalité
historique. Indispensables et discriminants ces critères sont ceux qui sélectionnent de manière « scientifique »
les grandes familles albanaises. I.- Les critères constitutifs
des grandes familles d'Albanie Pays balkanique très tôt tombé sous l'escarcelle de Byzance, l'Albanie a été profondément
façonnée par l'héritage pluriséculaire de Byzance et de l'Empire ottoman. Sa noblesse n'a pas
connu, même à lorsque des souverains latins ont régné sur son territoire, comme ce fut le cas avec
les Angevins entre 1272 et 1350 ou avec Venise, un système d'anoblissement par patentes avec des titres fixes. Charles
Ier d'Anjou, roi d'Albanie en 1274, trouva un pays où la noblesse était déjà constituée
dans le cadre de l'octroi par l'empereur byzantin à certains chefs de clan de fonctions militaires ou civiles avec
collation de grades qui devinrent pour beaucoup héréditaires : despote, stratège, sébaste,
archonte. Afin de ne pas entrer en conflit avec les seigneurs locaux, les princes angevins reconnurent tous les anciens privilèges
et les confirmèrent au besoin. Le roi d'Albanie traitait tous ses sujets albanais de haut rang de « nobles »
ou de « seigneurs ». Les documents de l'époque les qualifient de « comites et barones
feudatarii regni Albaniae ». Ce qui ne l'empêcha pas de créer des comtes ou des ducs du Royaume d'Albanie,
mais toujours au profit des grandes familles locales antérieures à l'instauration de leur royaume. Ainsi les
Skurra et les Thopias, les Blinisti ou encore les Muzaka, devinrent comtes et ducs et accédèrent au maréchalat.
Cependant, ils portèrent aussi bien le titre accordé ou reconnu par le roi de Naples que celui antique qui leur
avait été octroyé par l'empereur grec de Constantinople.
La République de Venise, autre grande puissance qui domina
une partie de l'Albanie du XIIIe au XVIe siècle, qui était traditionnellement très parcimonieuse avec
l'octroi de la noblesse et qui ne pratiquait pas les titres, se borna à reconnaître les familles nobles albanaises
partout où elle entrait en contact avec elles. C'était notamment le cas dans les communes urbaines de Durazzo,
Alessio, Scutari, Ulcine et Antebarium où un patriciat citadin s'était constitué grâce à
la relative autonomie dont ces villes jouissaient, notamment entre le XIVe et XVe siècles.
Sous l'Empire ottoman, il y eut pléthore
de beys spahis ou de pachas, mais si de grandes familles portant ces titres apparurent dans l'histoire de l'Albanie, ce n'est
point par le titre porté qui n'était pas un gage de noblesse aux yeux de la Sublime Porte. Celle-ci n'avait
pas, à proprement parler, de noblesse, mais une aristocratie militaire puissante qui ne se reconstituait pas à
toutes les générations. Toutefois, l'Albanie connut un système légèrement
différent. En effet, à ce pays situé à la périphérie de l'Empire ottoman et marqué
par d'incessantes révoltes et rébellions, la Sublime Porte imposa des chefs locaux issus de grandes familles
beylicales avec à la clé l'hérédité des domaines et des titres comme gage de permanence,
de stabilité et d'ordre. Pour autant, une famille beylicale ou détenant la dignité d'un pachalik
n'est grande, en Albanie, et noble, que par sa contribution visible à l'histoire et non par son seul état. C'est
pourquoi beaucoup de familles de pachas ou bey ou d'agha ne figurent pas sur la liste des grandes familles d'Albanie. Prince souverain d'Albanie, Guillaume Ier
de Wied - Skanderbeg II - forma un cabinet de nobles en 1914 lorsqu'il accéda au trône et la Constitution lui
réserva le droit d'accorder des titres de noblesse. En revanche, la Constitution du Royaume d'Albanie promulguée
par le roi Zog Ier en novembre 1928 proscrivit les titres en dehors de ceux portés par certains membres de la maison
royale. Contrairement à une idée reçue pourtant, il ne proscrivit pas la noblesse ou la qualité
de grande famille qui en Albanie est majoritairement non titrée.
A côté de cette réalité nobiliaire complexe, existent aussi des
cas de familles albanaises anoblies par patente en bonne et due forme et détenant, par octroi de princes souverains
régnants, des titres de noblesse. La quasi-totalité de ces familles, à quelques exceptions près,
ont quitté l'Albanie depuis des siècles et se sont en partie éteintes ou fondues dans des ensembles nobiliaires
plus vastes (Italie, Allemagne, Belgique, France). A titre d'exemple, on peut mentionner les familles stradiotes des Basta,
comtes du Saint Empire, des Bua, chevaliers du Saint Empire, d'une branche des Arianite Comnènes anoblie par Charles
VIII de France ou encore de la famille des Adamidi-Frachery élevée au rang princier de bey d'Egypte par le khédive
d'Egypte au XIXe siècle. La notion de titre nobiliaire joue donc en Albanie un rôle infinitésimal.
En ceci, les grandes familles albanaises restent fidèles à l'héritage byzantin et partiellement ottoman.
Leur noblesse est reconnue principalement au titre du poids qui fut le leur non seulement dans le cadre de l'exercice du pouvoir,
mais aussi dans le domaine de la culture, du savoir et des arts. N'est pas négligeable, surtout pour les familles musulmanes,
l'élément féodal, à savoir la puissance foncière qui s'attachait aux noms de celle-ci.
Dans ce contexte, on peut, dès à présent, avant d'aborder la partie chronologique de la constitution
de la noblesse albanaise, isoler ces critères qui font la fisnikeri albanaise et qui distinguent les familles fisnike
(nobles) des familles te fisme (réputées).
Peuvent prétendre à la noblesse albanaise historique les familles albanaises
souveraines et les familles albanaises ou étrangères descendant : des chefs des principaux clans nobles
du pays, de l'aristocratie créée par Byzance, Venise, Naples ou la Sublime Porte et possessionnées en
Albanie au moment de leur émergence, des chefs des grandes familles d'origine albanaise de chevaliers stradiotes au
service des Républiques de Venise, du Royaume de Naples et de Gênes, entre le XVe et le XVIIe siècle,
des familles d'origine albanaise et ayant bénéficié de la qualité nobiliaire dans d'autres pays,
des familles qui se sont illustrées au moins pendant trois générations dans le combat pour l'indépendance
de l'Albanie entre le XVIIIe et le XXe siècles et dont le nom est associé à la plupart des grandes entreprises
nationales dans le domaine politique, culturel, économique, militaire et à la direction de l'Etat albanais indépendant
entre 1912 et 1946. Deux critères s'imbriquent ici, l'un organique, l'autre matériel
qui, sauf pour ce qui est des familles souveraines, de la noblesse titrée du Moyen-Age et partiellement celle stradiote,
sont cumulatifs. Ainsi, le fait qu'un individu ait joué un rôle dans l'histoire de l'Albanie, ne fait pas entrer
la famille de ses descendants dans le cercle des grandes familles. Il s'agira tout au plus en l'occurrence d'une famille réputée
(e fisme). Le critère matériel exige en outre qu'une famille fisnike puisse justifier
d'une filiation généalogique suivie de plusieurs générations. L'ancienneté du lignage a
toujours été capital aux yeux de cette classe et constitue un critère fondamental, ainsi que l'a toujours
rappelé le grand écrivain et diplomate albanais, descendant de plusieurs lignées nobles, Faïk bey
Konica. D'ailleurs, le terme même « fisnik » en albanais fait appel à la notion de lignée
et qualifie quelqu'un dont la lignée est connue et jouit d'une vénérable antiquité. Une famille
fisnike doit aussi faire la preuve d'un mode de vie conforme, dans la continuité, aux idéaux de sagesse, de
bienséance, et d'exercice de métiers considérés comme élitaires en Albanie (haute fonction
publique, hautes fonctions politiques, présidence ou direction de comités ou sociétés nationales
représentatives du peuple albanais avant son indépendance, armée, hautes charges religieuses, chéfatures
de clans, haut commerce, judicature, académies, diplomatie, hautes professions libérales, membres des principaux
ordres royaux albanais). Ces
éléments nous permettent de dégager une définition de la noblesse albanaise : « La
noblesse albanaise est l'ensemble des grandes familles, souveraines et non souveraines, musulmanes et chrétiennes dont
le nom est évocateur, sur plusieurs générations, de hauts faits et d'importantes contributions à
l'histoire de l'Albanie, à l'émergence de l'identité nationale, à la viabilité de l'Etat
et à l'essor culturel et économique de la nation ». II.- Les catégories de la noblesse d'Albanie La noblesse d'Albanie peut être divisée en sept catégories.
Si l'on exclut le cercle fermé des familles souveraines, il ne s'agit nullement d'une hiérarchisation de ces
familles par leur importance, puisqu'celles-ci correspondent à des époques différentes, mais à
une division par leur nature et par leurs modes de constitution. Ces catégories ne sont pas imperméables les
unes aux autres car nombreuses sont les familles qui, en traversant les époques, ont appartenu tantôt à
l'une, tantôt à l'autre. La première catégorie est celle des familles souveraines, à savoir
des maisons ayant régné sur le pays. La deuxième est celle de la noblesse des chefs des clans albanais
dont la structure est demeurée peu ou prou inchangée pendant les siècles. La troisième est celle
de la noblesse urbaine ou du patriciat citadin qui connut son essor au Moyen-Age et qui se reconstitua à partir de
la fin du XVIIIe siècle. La quatrième catégorie est celle dont font partie les grandes familles issues
des grands clans et qui s'en émancipèrent à la faveur de leur intégration dans les mondes byzantin,
vénitien, angevin ou autre entre les Xe et XVe siècles. La cinquième est constituée par la noblesse
stradiote des XVe-XVIIe siècles. La sixième catégorie concerne les familles d'origine albanaise qui,
ayant quitté l'Albanie, s'intégrèrent dans différentes noblesses étrangères, sans
pour autant se couper entièrement de leurs souvenirs albanais. La septième et dernière catégorie
est celle de la noblesse qu'on pourrait appeler « moderne » ou restante, puisque c'est elle qui a joué
le plus grand rôle dans l'histoire moderne de l'Albanie et commandé les destinées du pays à partir
notamment du début du XIXe siècle. 1.- Les familles souveraines d'Albanie. Ces familles sont au nombre de deux, de trois ou de quatre selon la perspective historique qu'on adopte. La première d'entre elles est la Maison
capétienne d'Anjou grâce à laquelle apparaît pour la première fois le terme de Royaume d'Albanie
(Regnum Albaniae) en 1272. Le premier roi issu de cette Maison fut Charles Ier, roi de Sicile et de Jérusalem, roi
d'Albanie (1272-1284). Les rois angevins de Naples se réservèrent le titre de roi d'Albanie, accordant à
leurs cadets, princes de Tarente et ducs de Durazzo, d'être « seigneurs apanagés » de ce
Royaume et ce, jusqu'en 1378. Le dernier souverain angevin titulaire de l'Albanie fut la reine de Naples Jeanne II d'Anjou-Durazzo
qui mourut en 1435 et qui avait épousé Jacques de Bourbon, comte de la Marche et de Castres. Descendent par
les femmes de cette dernière reine, les princes de la Maison de France, dont Louis de Bourbon, duc d'Anjou, chef actuel
de la branche aînée de cette Maison et les princes d'Orléans, puînés. Quand Ferdinand d'Orléans,
duc de Montpensier, voulut être roi d'Albanie en 1912, il avait souhaité inscrire sa candidature dans la continuité
capétienne de la Couronne d'Albanie autrefois détenue par ses aïeuls angevins. La deuxième maison considérée
comme souveraine est celle des Kastrioti (Castriota) qui prit, en la personne d'un de ses rejetons, Georges Castriota dit
Skanderbeg, la tête de la résistance anti-ottomane au XVe siècle. Elu chef d'une ligue de princes albanais,
le prince Castriota fut considéré par ses contemporains et notamment par les Papes et différents souverains
occidentaux, comme le roi effectif de l'Albanie. Le mouvement national albanais du XIXe siècle lui a aussi reconnu
ce privilège. Le vexillium de cette famille, reprenant ses armes, a été adopté à la fois
comme drapeau national de l'Albanie et comme armoiries officielles des royaumes et des républiques albanais. En outre,
le célèbre casque de combat de Georges Castriota Skanderbeg, considéré officiellement comme la
Couronne d'Albanie, a surmonté l'aigle bicéphale des armoiries de l'Etat albanais, de 1912 à 1944 et
de 1992 à nos jours. La maison des Castriota-Skanderbegh d'Italie ne descend que par les femmes de l'illustre prince,
la branche masculine ayant pour souche Skanderbeg s'étant éteinte au XVIe siècle. Toutefois il se peut
qu'une autre branche masculine des Castriota, descendant d'un des frères de Georges, Stanisha, subsiste en Italie de
nos jours. La troisième
maison souveraine est celle des Wied zu Neuwied qui, en 1913, fut choisie par les puissances occidentales, comme la maison
régnante du nouvel Etat albanais. Son chef, le prince Guillaume de Wied prit le titre de prince souverain d'Albanie
et le nom symbolique de « Skanderbeg II ». En Albanie il était pourtant appelé mbret (roi)
et avait le prédicat de Sa Majesté. En revanche, les puissances ne le reconnaissaient que comme prince souverain
avec prédicat d'Altesse Sérénissime (His Serene Highness) car ils ne voulaient pas faire un autre roi
balkanique sans avoir eu l'assurance que le nouveau souverain ne serait pas immédiatement renversé ou contraint
à abdiquer par les circonstances. Contraint à l'exil six mois après son avènement au trône,
le prince Guillaume Ier refusa cependant d'abdiquer et se considéra toujours comme le souverain de l'Albanie. Son titre
de « Fürst » von Albanien est gravé sur sa tombe dans le temple protestant de Bucarest.
Son fils, le prince héritier Charles-Victor de Wied ne renonça pas non plus à ses droits sur la couronne
d'Albanie. Le souvenir du règne éphémère de cette famille a été maintenu par ses
descendants qui vivent en Allemagne. La
quatrième et dernière maison souveraine d'Albanie à ce jour est celle des Zog. La famille des pachas
et des bey Zogolli, gouverneurs héréditaires de Mati en Albanie centrale était l'une des plus puissantes
familles claniques du pays. Elle parvint, en la personne d'un de ses rejetons, Ahmed bey Zog, à s'emparer du trône
d'Albanie en septembre 1928. Ahmed bey Zog avait été successivement ministre, Premier ministre et président
de la République albanaise entre 1920 et 1925. La couronne lui fut offerte par un référendum populaire
et un vœu du Parlement albanais. Ahmed Zogu prit le titre de Sa Majesté le Roi des Albanais Zog Ier et symboliquement
le nom de Skanderbeg III. Il épousa en 1938 Géraldine Apponyi des comtes hongrois Apponyi de Nagy-Apponyi dont
il eut un fils, le prétendant actuel du trône albanais, le prince Leka d'Albanie - le roi Leka Ier pour les royalistes
- qui a vécu toute sa vie en exil, mais qui est revenu définitivement en Albanie en 2002. Un référendum
fut organisé en 1997 pour savoir si le pays souhaitait ou non le rétablissement de la monarchie des Zog, mais
le « non » l'a emporté à une large majorité. La Maison de Zog est la seule à
prétendre toujours au trône d'Albanie. La succession du roi Leka Ier est assuré actuellement par son fils
unique, le prince de la Couronne Leka II d'Albanie. Liste des maisons
souveraines d'Albanie MAISON ROYALE D'ANJOU-SICILE-DURAZZO MAISON PRINCIERE DE CASTRIOTA - SKANDERBEGH MAISON ROYALE DE WIED ZU NEUWIED MAISON ROYALE D'ALBANIE (MAISON DE ZOG) 2.- La noblesse clanique. 1.- Les origines. C'est en 1415 que les documents
de la République de Venise parlent, pour la première fois dans l'histoire, des clans albanais comme des « familles »
dans le sens ethnique de la tribu. Ces documents distinguent bien les chefs de ces « familles » et témoignent
de ce que Venise acceptait de traiter avec eux en tant que représentants de races nobles et illustres. La Sérénissime
n'a fait en l'espèce que ratifier un procédé déjà utilisé par les rois angevins
d'Albanie qui dès 1272 avaient reconnu comme nobles les chefs de clans sébastes comme les Skurra, les Leti (Laizzi),
Matesi, Albos, Spatos, Catarucos, Biskesini, Marchaseos, Logoretzi, Zenevisi, Matarango. A sa suite, l'empire du tsar serbe
Etienne Dusan, maître pour un temps de l'Albanie reconnaîtra aux Bua-Shpata et aux Zenevisi les mêmes privilèges,
comme le fera Venise pour les Thopias, les Spani, les Cernoevic, les Zacharia (Altisferi) ou les Dushmani. Proniar, à
savoir seigneurs latifondiaires puissants, ces derniers fonderont des dynasties que Venise n'hésitera pas à
faire inscrire sur ses Livres d'or et son Grand Conseil en leur octroyant la citoyenneté de la République. Si
les familles que l'on vient de mentionner se détachent petit à petit de la structure clanique en fondant des
troncs séparés et individualisés, d'autres restent très fortement attachés à leur
réseau clanique et ne se conçoivent pas en dehors de la solidarité tribale. L'exemple le plus frappant
est celui du clan de Hoti Radoslavic qui avait à sa tête dès 1414 un capitaneus montanae Ottorum, que
Venise a reconnu en 1438 comme dominus in partibus Albaniae. Dans les siècles qui suivirent, le clan de Hoti est devenu
un des principaux clans nobles albanais et selon le droit coutumier, il précède tous les autres clans au combat,
à l'exception de celui des Mirdites dont le prince est le Primus inter pares des chefs des clans albanais. Le clan
des Mirdites, fédération de phratries puissantes issues des liens gentilices des princes Dukagjini du Moyen-Age,
avait en 1570 une armée de 12000 hommes commandés par un rejeton de la famille des Gjonmarkaj d'Orosh qui prenait
toujours le titre de Prenk, prince, premier. Grâce à sa cohésion, à sa puissance et à ses
qualités de résistance, ce clan, parmi les plus petits en nombre et de religion catholique, est devenu le premier
clan albanais. Sa primauté parmi les autres chefs sera reconnue par le sultan de Constantinople, qui, après
avoir soumis l'Albanie, lui accordera le titre suprême de pacha en en faisant un de ses vassaux catholiques. La France,
l'Autriche-Hongrie et le Saint-Siège garantiront cette primauté et reconnaîtront au XIXe siècle
le titre princier du chef des Mirdites.
2.- Le droit nobiliaire clanique. Les chefs des clans, leurs puînés
et leurs cadets, les chefs des familles infraclaniques issues de la même souche primordiale que les chefs de clan jouissaient,
en droit coutumier, d'une préséance de caractère nobiliaire. Ce droit coutumier ne permet pas qu'on fasse
des distinctions entre les familles et toutes bénéficient les mêmes droits et prérogatives. Aucune
n'est plus honorable que les autres. Seulement, par tradition et suite à leur renforcement, seules certaines d'entre
elles ont acquis la prérogative souveraine de décider en dernier lieu ou d'avoir le dernier mot. Le clan accepte
cet état de fait, devenu un principe du droit coutumier albanais, et se soumet à ceux qui, dans les actes du
Concile d'Albanie de janvier 1703 sont qualifiés de « locorum dynastas » et dont les charges
sont petit à petit devenues héréditaires. Avec l'invasion ottomane, ces charges n'ont pas changé
de nature et sont restées à peu près les mêmes que ce qu'elles avaient été sous l'empire
byzantin et les dominations angevines et vénitiennes. Le droit public nobiliaire des clans albanais qui demeure primitif
par rapport au principe égalitariste fondamental du droit coutumier repose sur l'existence d'une confédération
clanique dont l'organisation a nécessité très vite l'instauration de certaines hiérarchies. N'étant
pas un Etat et n'ayant aucunement la vocation de le devenir, cette confédération n'a de solidité que
grâce à la soumission de toutes ses composantes au droit coutumier, le Kanun (Canoun), qui est la valeur suprême
et non négociable des clans. La cohésion de la confédération dépend donc pour beaucoup
de la garantie du respect de ce droit. C'est pourquoi la première institution qui a vu le jour au sein de cette réalité
politique, est celle de garant du Kanun, reconnue comme une véritable charge publique par la Sublime Porte et qui a
été confiée au chef du clan des Mirdites, le prince de la Maison de Gjonmarkaj d'Orosh. Le prince n'est
que le garant du droit propre de cette république aristocratique que formaient les clans et qui était dirigée
par les chefs de ceux-ci en assemblée. Parmi ces chefs ou ces princes, il y a les Grands, les chefs des plus grandes
et plus antiques phratries appelées les « kambet e fisit » (les piliers du clan). Le clan des
Mirdites comptait ainsi, par exemple, 25 Grands qui, sous le primat du prince de Gjonmarkaj, avaient le dernier mot dans les
affaires du clan et formaient le « sénat ». Les autres phratries non fondamentales avaient pour
chefs les kren de djelmni, les sterpleq ou les archianciens. Enfin, parmi ces 25 Grands, une Pairie constituée du prince
des Mirdites plus cinq familles fondamentales des Mirdites (Gjegje d'Orosh, Permargjeta de Spatchi, Batza de Blinisti, Martzera
de Blisake, Palutza de Kashniet), détenait les fonctions d'une haute cour de justice qui interprétait le Kanoun
et jugeait les kren des clans, les bannerets, les archianciens et les voïvodes. Tribus guerrières, les clans albanais donnaient une priorité aux charges militaires sur lesquelles se
calquaient celles relatives au pouvoir civil et notamment à celle de la justice criminelle. L'organisation de ces charges
au sein de la confédération est celle-ci, par ordre de décroissance. Pour
l'ensemble de la confédération Kapedani i Mirdites, Prenka i Gjomarkes (Le Capitaine des Mirdites,
le prince des Gjomarkaj) - garant du Kanun, chef des armées claniques, kryebajraktar i maleve te Shqiperise (archibanneret
des montagnes d'Albanie) Kapedani, Kreni i
Hotit - le Capitaine, le prince de Hoti, le chef en second des armées claniques, bylykbashi i pese maleve te Shkodres
(bulukbachi des cinq montagnes (clans) de Shkodra). Krenet e medhej, kambet e fisit - les Grands, les piliers du clan, les princes ou les chefs des phratries primordiales
et fondamentales des clans. Krenet e djelmnis,
sterpleqte - les princes des phratries, les archianciens, les chefs des autres phratries non fondamentales. Pour
l'ensemble des clans
Prenka i Gjomarkes - le garant de l'unité des clans dans le cadre du Kanoun, président
de la grande assemblée de Saint-Paul d'Orosh Kreni i fisit, qefali - le chef du clan, le premier du clan, le kefalos (la tête). Dans certains clans
d'origine ou aux mélanges de populations slaves, le kren est souvent dit zhupan (joupan) ou kniez (prince). Bajraktari, kryevojvoda i fisit - le banneret,
l'archivoïvode du clan. Puîné du chef de clan, il portait la bannière du clan au combat. A partir
du XVIIe siècle, le banneret devint le personnage le plus important du clan et concentra dans ses mains l'ensemble
des pouvoirs civils et militaires. Vojvodet - les voïvodes,
les commandants des unités des armées claniques. Kreni i djelmnis (sterplaku) - le prince des phratries ou l'archiancien, issus des
principales familles du clan était le garant de la cohésion des phratries non fondamentales et avait des pouvoirs
juridictionnels dans le cadre de celles-ci en vue d'une application stricte du droit coutumier. Plaku (Pleqte) - l'ancien, les anciens du clan,
garants de l'application du droit coutumier au niveau de tous les autres membres du clan, en dehors de ses « têtes »
qui ne relèvent que de la juridiction du prince des Mirdites. Gjobtaret - les percepteurs d'amendes, les baillis, les officiers des clans chargés
d'exécuter les sentences pénales des tribunaux claniques autres que les peines capitales. Il leur incombait
de percevoir les amendes.
La hiérarchie n'est ici que de fonction, pas d'autorité et souvent les termes sont interchangeables.
Ainsi, dans les montagnes de la Shkodra, les gjobtar étaient aussi importants que les chefs des phratries et dans d'autres
clans, les principaux auxiliaires des bannerets. Dans les clans de l'Albanie du sud où l'on ne parle pas de montagnes
ou de tribu (mal, fis) pour désigner un clan, mais de fare (semence), les pleq, les anciens ou les gérontes
dirigeaient les fédérations tribales dans le cadre d'une ligue de phratries appelée symmachia et où
il n'y avait pas de capitaine suprême comme chez les clans du nord avec les Mirdita et les Hoti. Chez les clans du sud,
les bulukbachi et les voïvodes remplaçaient les bannerets, les polémarques les chefs de clan et les filarques
les princes des phratries. Cette organisation remplaça celle qui prévalait jusqu'au XVIIIe siècle dans
des régions de Himara et qui avait la même configuration que celle des clans du nord, avec des capitaines héréditaires
au profit des familles des Gjika et des Spiromili. Pour l'ensemble
de la ligue des phratries (symmachia) Plak, Primati, qefali - Ancien, géronte, tête,
chefs de la fédération tribale. Polémarque
- chef de clan. Bulukbachi - voïvode,
chef d'une unité de combat Filarque
- chef, prince de phratrie fédérée Si les clans du sud se décomposèrent rapidement en grandes familles
individualisées, à cause notamment de grandes vagues d'émigration en Grèce, à Constantinople,
en Roumanie ou en Egypte, surtout au XIXe siècle, les clans du nord demeurèrent soudés avec la même
configuration patricienne jusque dans les années 1945-1955, lorsque toute l'organisation gentilice des clans fut violemment
disloquée par le régime communiste. La famille princière des Gjomarkaj paya par exemple un lourd tribut
avec une dizaine de ses membres exécutés par le régime et une soixantaine d'autres emprisonnés
ou déportés. A la chute du communisme dans les années 1990, l'Albanie dut faire face à une crise
économique et sociale de très grande ampleur. La vague d'émigration qui caractérisa la transition
de la dictature communiste à un régime pluraliste toucha aussi les structures gentilices déjà
lourdement atteintes par l'ancien régime. La modernité aidant, ces structures ont dépéri, même
si l'Albanais des montagnes garde un lien particulier avec sa terre, y compris quand il vit à l'étranger. Impossible
de retrouver actuellement les chefs héréditaires et les lignées nobles des anciens clans. Certains de
leurs descendants se trouvent en Albanie, d'autres un peu partout à l'étranger. Un des derniers rejetons des
Gjomarkaj, Filip Gjomarkaj a récemment publié un livre retraçant l'histoire ancienne et moderne de sa
maison.
La
noblesse clanique a certes cessé d'exister réellement, mais le souvenir s'en maintient encore. « Première
couche » et soubassement de la noblesse albanaise, elle n'a pas disparu et demeure partie intégrante de
l'histoire et de l'identité nationale. Les clans primordiaux et fondamentaux de l'Albanie du
Nord et du Sud ARBENI (ALBANI) BARDHI BERISHA (BERISSA) BUA DUSHMANI GASHI HOTI KASTRATI KELMENDI (LETI, LAIZZI, CLIMENTI) KOPLIKU KUCI (CUCHI, CUCOVICH) LABERIA (ALBERIA,
ARBERIA) MALAKASI (MALACASSI) MARTANESHI (MARCHESEOS) MATI (MATESEOS, MATESI) MAZREKU (MAZARACHI) MIRDITA PALABARDHI (BJELOPAVLOVICH) PAMALIOTI-MARKOTI (PAMALOKU, MARCOVICH) PASTROVIQ (PASTROVICH) PIPRI (PIPERI) RECI (AREZZI, RICCI) SKURA (SCURRA, ZGURO, SGURI) SULI (SOULI) SUMA (SUMMA) SHALA SHKRELI (SCHIRELLI) SHPATI (SHPATA, SPATA) VASOJEVIQ (VASSOEVICH)
3.-
La noblesse ou le patriciat urbain.
1.- Origines. Prenant racine des grandes familles claniques et pour beaucoup
de la bourgeoisie des centres urbains de l'Albanie maritime, le patriciat urbain se développa en Albanie à partir
du XIe siècle. Comme l'a souligné Sufflay, c'était une classe née de la fusion des anciens possessores
d'origine romaine dirigés par l'ordo decurionum, des éléments claniques, de l'exercitus et des miles
citadins, anciens chevaliers. Cette fusion donna naissance à une catégorie supérieure de proceres, de
nobiles, de seniores et de primates, à une aristocratie militaire. Ethniquement, c'est une aristocratie mélangée
où se retrouvent Latins, Albanais, Grecs, Slaves, Valaques. Les juges, les comtes consulaires des petites républiques
citadines de l'Albanie côtière seront fournis par cette caste qui se maintiendra tant bien que mal, en rivalité
et concurrence avec la nouvelle noblesse féodale appuyée par les Angevins et Venise et les clans et ceci, jusqu'à
la totale mainmise de l'Albanie par les Turcs à la fin du XVe siècle. Si le premier épisode de l'histoire
de cette noblesse urbaine se termine avec l'invasion ottomane des anciennes possessions de l'Albanie vénitienne, un
deuxième épisode s'ouvrira en guise de renaissance, avec la reconstitution du tissu patricien citadin entre
le XVIIIe et le XXe siècle et l'affirmation de grandes familles d'abord bourgeoises, mais assez tôt reconnues
comme formant l'élite nobiliaire de la communauté dont elles prirent tôt ou tard la direction politique.
2.-
Le droit nobiliaire patricien. Comme pour la noblesse clanique, le patriciat urbain bénéficiera en
quelque sorte de la préexistence de l'establishment byzantin avec ses hauts fonctionnaires militaires et auliques,
ses priores et ses sébastes, ses stratègues et ses chavallarios, ses chastrophylax et ses archontes, ses catapanos
et ses chomis cortis. Les communautés urbaines autonomes firent rapidement une place considérable à ces
notables qui devaient exercer leur autorité sur les ruines de l'empire en mal de cohésion interne. Ces communautés
devinrent des havres de paix et d'ordre, où le pouvoir redevenait maniable et pouvait être partagé au
sein d'une aristocratie très fermée. Durazzo est le meilleur témoignage de ce compromis de la première
couche aristocratique des urbs du littoral albanais. Le prior, grand juge, administrateur de la Curie locale côtoyait
le stratègue, le protospatharios ou le chomis cortis, tous fonctionnaires aux pouvoirs militaires et civils. En Dalmatie
on avait les catépans, katapanos, titre qui deviendra kapedan dans l'Albanais du XVIe siècle pour désigner
les deux princes des clans albanais, les Gjomarkaj et les Hoti. Tous les détenteurs de ces hautes fonctions avaient
en commun leur qualité de patrice qu'ils se conféraient eux-mêmes quand ce n'était pas une puissance
souveraine qui la leur octroyait. L'exercice, souvent héréditaire, des offices impériaux aboutissait
ainsi, au bout de trois générations, à une consécration nobiliaire. Ainsi des catépans,
premier parmi les nobles de son dème byzantin. Ainsi aussi des nobiles viri civitati qui ne pouvaient siéger
au Grand Conseil (Consilium majus) que si le père, le grand-père et l'arrière-grand-père y avaient
siégé consécutivement. De fait les offices se transformèrent souvent, mais pas toujours, en titre
de noblesse à la hiérarchie précise. Ne pouvaient y aspirer et n'y étaient nommés que les
rejetons des plus grandes familles de la cité, dites archontales. Ainsi, suivant les villes, le premier des notables
et des nobles était soit le prior, soit le stratègue, soit le catépan, soit le bailli et le duc - pour
la Durazzo vénitienne - soit le sébaste, soit le kephalos, soit le comte. Venaient ensuite les consuls, les
juges, les voïvodes - commandants de l'armée - et les casnetz (casnessio ou camerarius, percepteur des impôts).
Voici, par ordre décroissant les charges nobiliaires des républiques urbaines entre le XIe et le XVIe siècle. Prior, stratègue, catépan, bailli, duc, sébaste,
kephalos, comte Cavalier del conte - viguier du premier des édiles Comis cortis Protontinus - chef de
la communauté urbaine de l'époque angevine Consul, Juge,
Archonte Voïvode Castrophylax Casnetz - Camerarius Conseiller Ces charges et leurs possesseurs formaient
le sénat noble de la ville et ne s'ouvraient pas aux charges tribuniciennes comme celles des magistri jurati qui représentaient
la plèbe. Avec le temps, l'aristocratie se consolida et acquit un droit de cité absolu en dehors même
de la possession des anciennes charges publiques byzantines. En effet, si au début c'étaient ces charges qui
ouvraient à la noblesse, par la suite, ces charges ne devinrent accessibles qu'au patriciat définitivement constitué.
Les coutumes vénitiennes pénétrèrent dans les communautés urbaines et l'aristocratie adopta
des procédés de reconnaissance entre ses différentes composantes. Ceux-ci, sans aboutir à une
pratique de titres, peu encline à plaire à Venise, permirent de distinguer toutefois la noblesse de la bourgeoisie.
On se mit dès lors à parler de chaloi ou de boni homines - des gens de bonne extraction - de nobiles miles sous
les Angevins. Le prédicat de « ser », importé de Venise, devint à la mode et fut
utilisé exclusivement par la haute aristocratie patricienne. Ces boni homines se retrouvaient, dans certaines villes,
au sein du très fermé consilium rogatorum qui choisissait parmi les six familles nobles seulement (ville de
Catharo) les magistrats judiciaires et les magistrats exécutifs. Les patriciens se partageaient entre grands commerçants
et grands proniars, propriétaires terriens dont les domaines se situaient pour beaucoup à l'extérieur
des villes, mais conditionnaient leur approvisionnement en biens. La noblesse urbaine, extrêmement jalouse de ses prérogatives
ne céda qu'après de longues guerres civiles, quelques charges et quelques prérogatives à la plèbe.
Le patriciat aspirait non seulement à la pérennité, mais aussi à la reconnaissance par les grands
féodaux du Moyen-Age. Une politique d'alliances matrimoniales vit le jour qui permit à différentes grandes
familles citadines d'être comptée parmi la grande et haute noblesse féodale albanaise, slave et vénitienne,
au point où Venise essaya souvent d'avoir un droit de regard sur ces liens, de sorte à ce qu'ils ne devinssent
pas une menace pour sa suprématie dans la région. Ces familles surent tisser des liens privilégiés
même avec des concurrents dangereux de la Sérénissime. Ainsi la famille Durazzo qui s'affirma dans la
ville éponyme au XIVe siècle et qui trouva grâce aux yeux de la République de Gênes qui en
favorisa l'ascension jusqu'aux plus hautes charges de la République. Plusieurs doges de Gênes sont en effet issus
de cette famille et notamment le dernier d'entre eux qui dut gouverner pour le compte de Napoléon, maître de
l'Italie à la fin du XVIIIe siècle. Puissante, mais non omnipotente, la noblesse urbaine ne put faire face à la déferlante
ottomane qui, une fois emparée des petites républiques citadines, en effaça tout souvenir. Une bonne
partie des grandes familles patriciennes s'embarqua pour Venise ou s'installa dans les possessions que la République
avait encore sur la côte dalmate. La Croatie et la République de Raguse en accueillit aussi un certain nombre.
Des descendants de ces anciennes maisons existent aujourd'hui et sont partie intégrantes, quand leur noblesse a été
reconnue et confirmée par les puissances souveraines des lieux qu'ils ont habités, des noblesses locales. Avec la reprise des activités commerciales
et un certain essor économique, nous voyons réapparaître, timidement, au XVIIIe siècle, des velléités
patriciennes de la part de grandes familles enrichies ou entrées en grâce auprès de l'administration impériale
de Constantinople. Il s'agit principalement de familles chrétiennes orthodoxes, protégées par le statut
privilégié reconnu aux Romaïon dont le Patriarcat de Constantinople était le garant. Il y eut aussi
des familles catholiques au nord qui bénéficiaient de la protection des consuls des puissances catholiques comme
la France ou l'Autriche dans le cadre des capitulations. Un des cas les plus spectaculaires de la reconstitution d'un patriciat
urbain est sans conteste celui de la ville de Moschopolis (Voskopoja), au sud de l'Albanie, centre urbain, culturel et commercial
qui se développa très vite à cause de sa situation géographique, au carrefour des principaux axes
commerciaux. Cette ville cosmopolite qui eut jusqu'à 25000 habitants dans la première moitié du XVIIIe
siècle fit appel à de nombreux savants et à de grands peintres, banquiers et prélats. Une académie
y fut fondée, une grande bibliothèque, des écoles et une imprimerie, chose rarissime dans les Balkans
à l'époque. Très vite, une classe de boyards se constitua, composée des familles les plus riches,
mais aussi les plus lettrées et détenant les charges publiques. On peut citer comme exemple celle des Sina,
par la suite barons austro-hongrois ou des Ballauri. Ces familles archontales très présentes en Albanie du sud
firent construire des maisons dignes de leurs ambitions. La petite ville de Frasheri, brûlée par les Grecs en
1914, en est un témoignage avec les manoirs des grandes familles archontales chrétiennes des Pano (Panollari)
ou des Nikaj qui jouxtaient les sérails des grands beys de Frasheri. Plus tard, vers la fin du XIXe siècle,
nous retrouverons une forte influence des grandes familles dans les plus grandes villes d'Albanie. Des Coba et des Bushati
de Shkodra aux Turtulli de Korça, des Vrioni de Fier et de Berat, aux Alizoti ou les Karagjozi d'Argyrocastro ou aux
Vlora à Vlora, tout un tissu de patriciat urbain se recrée à peu près dans les mêmes formes
qu'au Moyen-Age. En effet, cette classe résulte une fois de plus de la fusion entre de grandes familles latifondiaires
détentrices par ailleurs de titres beylicaux ottomans, comme les Bushati, les Vrioni, les Alizoti ou les Vlora et de
grands propriétaires terriens ou de grands commerçants comme les Coba, les Karagjozi ou les Turtulli. Ces familles
qui se mariaient entre elles, avec pour seule limite infranchissable la différence religieuse, prirent possession des
postes clés de la vie urbaine. On les trouvait comme édiles, juges, médecins, avocats, commandants de
garnison et même comme évêques. Les puissances étrangères les décoraient copieusement.
Les Turtulli furent faits bey d'Egypte par le khédive. Les Coba aveint les faveurs de l'empereur
d'Autriche. Les Bushati, les Alizoti, les Vrioni et les Vlora étaient pachas ottomans. Cette caste débordera
par sa puissance les frontières des villes dans lesquelles elle avait émergé. Elle sera en première
ligne dans le combat pour l'indépendance de l'Albanie et dans la prise du pouvoir au moment de la naissance de l'Etat
albanais et pendant toute sa consolidation. Michel Turtulli bey Korça sera ministre de l'Education du prince de Wied
en 1914, ministre des Affaires étrangères et représentant de l'Albanie à la Conférence
de Versailles en 1919, puis régent de l'Albanie en 1920. Un de ses descendants, Vangjel Turtulli sera nommé
sénateur du Royaume d'Italie en 1940, lorsque l'Albanie fut annexée par l'Italie, sous la forme d'une union
personnelle. Un rejeton des Coba, Ernest Coba, prêtre catholique sera nommé archevêque catholique de Shkodra,
devenant ainsi Primat de l'Eglise d'Albanie. Le régime communiste instauré en 1945 fit subir aux grandes familles patriciennes les
mêmes exactions qu'aux grandes familles claniques. Toutefois ces familles tendent depuis quelques années à
retrouver leur position d'influence et à recréer un tissu de clientèles. Les
grandes familles archontales dela noblesse urbaine (XIe-XXe siècles) ALIZOTI ALTISFERI
(ZACHARIA) ANDRONENI BALLAURI BUKJI (BUCHIA) BUSHATI (BUSHATLIOU) CALIA CHIURI COBA DABRE DALMASI DE FONTANA DOMAGNA DURRSAKU (DURRESI, DURAZZO) DRAGO ENGJELLI DE DRISHT (ANGELI
DE DRIVASTO) GOJA KAMBESI (KAMSI) KARAGJOZI KOLOMBI (COLOMBA) KRIZELI (CHRYSELIO) JUKA LOGORECI
(LOGORECCHI) MENCA MILI (MILO) MIROSSI PREKALI PRODE RADOVANI SKURA SPANI SPATA SUINI SUMA (SUMMA) TURTULLI VLORA VRIONI ZENTIVALI (ZENTIVAGLIA) 4.- La grande noblesse féodale guerrière (XIIe-XVe
siècles) 1.-
Origines. L'affirmation des principales familles claniques et l'émergence des familles patriciennes des républiques
citadines firent le lit de la constitution de grandes familles féodales. Comme pour les deux premières catégories
de la noblesse albanaise, la noblesse féodale guerrière prit son essor grâce à l'affaiblissement
du pouvoir byzantin et la captation des charges militaires et civiles par certaines familles puissantes à travers le
mécanisme de l'hérédité. A partir de 1190, année de l'apparition d'une première
principauté dans la région de l'antique tribu des Albani, la seigneurie d'Arberie dominée par la maison
des Progoniates, peut-être une branche des puissants Skurra, nous verrons s'échelonner sur trois siècles
la montée en puissance, la domination, puis, la décadence, sous la pression extérieure, ottomane notamment,
de plusieurs grandes maisons féodales qui s'illustreront sur trois ou plusieurs générations dans l'histoire
de l'Albanie. L'Albanie côtière étant sous le contrôle normand, puis angevin et enfin vénitien,
cette grande noblesse terrienne bien possessionnée, titrée et pionnière de l'hérauderie dans les
Balkans, prendra son essor dans l'hinterland et dans les régions limitrophes des centres urbains de la côte.
Certaines familles comme les Thopias, les Spani, les Altisferi ou Zacharia ou encore les Balsha sont issues pour partie de
la noblesse urbaine de Durazzo, de Dania, de Drisht ou de Scutari. Ne pouvant pas s'emparer de ces villes de manière
directe, elles ont pris en étau les possessions vénitiennes en occupant et en fixant leur appareil civil et
militaire dans les régions voisines. D'autres familles comme les Bua ou les Zenevisi qui avaient depuis longtemps rompu
les liens gentilices avec leurs clans venaient des appareils impériaux byzantins ou serbes dans lesquels ils avaient
occupé des charges importantes comme celles de protovestiaire des empereurs. D'autres enfin, comme les Dushmani, les
Arianiti ou les Muzakia étaient des familles claniques princières qui avaient fédéré d'une
manière très centralisée leurs clans et avaient astucieusement tissé des liens matrimoniaux avec
les princes dalmates et la noblesse vénitienne ou encore les empereurs byzantins qu'ils considéraient comme
consanguins et desquels ils avaient reçu les titres suprêmes d'archonte, de sébaste, de panhypersébaste,
voire de despote pour les Muzakia. Dans cette constellation
de grandes maisons réparties chaotiquement sur un petit territoire, se distinguera progressivement celle des Castriota
qui n'apparaît dans les documents anciens que vers la fin du XIVe siècle, alors que toutes les autres grandes
familles étaient apparues et dominaient le pays. Cette famille brillera par un de ses rejetons, Georges Castriota,
dit Skanderbeg qui tiendra tête aux Turcs pendant 25 ans (1443-1468) et qui saura fédérer autour de lui
à peu près tous les princes albanais. C'est avec sa mort que se referme le chapitre de l'aristocratie féodale
médiévale albanaise, puisque celle-ci ouvrira la porte à la complète mainmise de l'empire ottoman
sur l'Albanie et à la dispersion des grandes familles, leur extinction ou leur conversion à l'islam. 2.-
Le droit nobiliaire de l'aristocratie féodale médiévale. On peut dire que la noblesse féodale
albanaise des XIIe-XVe siècles est celle qui se rapproche le plus du monde occidental de l'époque. Cette nouvelle
classe affectionne le port des titres et ne se prive pas de combiner toutes sortes d'honneurs en principe contradictoires.
Il était très en vogue pour les princes albanais d'alors de se prévaloir des titres militaires ou judiciaires
(archonte) anciennement obtenus de Byzance pour les faire suivre ou précéder des titres acquis par les Angevins
ou les Vénitiens. Comme on l'a vu, la Sérénissime, peu encline à anoblir ou distribuer des titres,
reconnaissait de bonne grâce ceux portés par les notables albanais quand elle voulait en faire ses vassaux, ou,
à tout le moins ses clients. Charles d'Anjou, roi d'Albanie de 1272 à 1284, puis son petit fils, Philippe de
Tarente, seigneur de l'Albanie de 1304 à 1332 seront plus généreux en titres et en offices, conformément
d'ailleurs à la logique vassalique franque. Toutefois, aussi bien la cour royale de Naples que la cour ducale de Venise
n'ignoraient pas qu'elles avaient affaire à une noblesse plus de fait que de droit, mais qui était impossible
à court-circuiter en vue d'une domination paisible de la côte albanaise ou, pour ce qui concerne le Royaume de
Naples, dans l'intérêt d'un passage assuré pour mieux assiéger les terres de l'Empire byzantin.
Quand Venise voulait vraiment honorer et signifier la reconnaissance de la noblesse d'une famille puissante albanaise, elle
lui accordait la citoyenneté de la République avec privilège de siéger au Grand Conseil. Ce fut
le cas pour les familles Spani et Dushmani, mais aussi pour les Altisferi et plus tard les Castriota. Sinon, les nobles albanais
n'étaient tout au plus que des « nobili forensi » qui n'avaient pas droit à des privilèges
exorbitants sur les territoires de la République. Les communautés urbaines des XIIe-XVe siècles s'inspireront
du système vénitien pour se prémunir de la domination que les grands seigneurs non autochtones avaient
tendance à exercer sur les villes libres. Philippe de Tarente accordait lui, des titres de duc, de comte et de baron
et faisait pléthore de chevaliers. Pour remercier les deux principales familles albanaises (Muzaka, Blenisti) du soutien
apporté à la restauration angevine en 1304, il créa deux maréchaux en les personnes du despote
André II Muzakia et du comte Guillaume Blenisti. Comme on le voit, le prince André II Muzakia ne se départit
pas pour autant du titre suprême de despote, qui vient juste après celui d'empereur (bazileus) dans la nomenclature
byzantine, qui lui avait été accordé par l'empereur de Constantinople, Andronic II Paléologue.
Cette politique des Angevins leur fut imposée par les circonstances : en effet, Charles d'Anjou, en se ceignant
de la couronne de l'Albanie, avait négligé, voire maltraité la noblesse albanaise, non seulement en l'écartant
du pouvoir, mais en la subordonnant aux officiers franco-siciliens de la couronne de Naples qui n'avaient pas hésité
à emmener en esclavage certains de leurs cadets rebelles. Les Albanais s'étaient dès lors ligués
contre Charles d'Anjou et avaient aidé le despote d'Epire, Michel II Paléologue à le battre, à
la bataille de Berat de 1284. Charles d'Anjou avait, dans ces conditions, dû quitter l'Albanie. Son petit-fils ne fera
pas les mêmes erreurs. Grâce à sa prudence les Angevins se maintiendront encore pour plus de cinquante
ans en Albanie, notamment dans le duché de Durazzo. La branche cadette de la Maison capétienne d'Albanie, celle
des Anjou-Durazzo, donnera les derniers rois angevins de Naples jusqu'en 1435. Entre le début
du XIVe et la fin du XVe siècle nous avons la constitution de tout un tissu nobiliaire durable qui est allé
de pair avec le renforcement des fiefs des princes albanais. Ceux-ci adopteront bientôt la même logique conquérante
que leurs anciens seigneurs, les Angevins. Ainsi, quand ces derniers quitteront définitivement Durazzo, en 1378, c'est
un bâtard de Naples, Charles Thopias, de la grande famille des Thopias, petit-fils par sa mère du roi Robert
de Naples, qui deviendra duc de Durazzo et grand comte d'Albanie. Il cédera Durazzo aux Vénitiens en 1398, après
que la puissante famille des princes Balsha l'aura dominée pour un certain temps. Le système vassalique entra
dans les mœurs, même si la logique féodale peinait à triompher dans toute son ampleur à cause
à la fois de la permanence des clans et de la présence des républiques urbaines qui entravaient les projets
expansionnistes des princes. Toutefois, les grandes familles avaient leurs chancelleries et développèrent un
réseau de clientèles et de vassaux considérable. Chaque grande famille avait ses voïvodes et ses
barons locaux, ainsi que ses nobili vires et ses gentilshommes d'épée et de robe. Le prince Jean Muzakia en
témoigne dans ses Mémoires de 1510. Ces petits seigneurs devaient hommage et secours à leurs suzerains
auxquels ne les liait pas seulement la vassalité, mais surtout le serment traditionnel albanais, la besa, ou la foi
jurée, beaucoup plus contraignant que le simple serment vassalique. En revanche, il n'existe pas beaucoup de documents
attestant l'existence d'une justice seigneuriale très développée. On doit la probable faiblesse de la
justice seigneuriale à deux facteurs. D'abord l'existence de la justice coutumière dont les princes, eux-mêmes
rejetons de grandes familles claniques pour la plupart, connaissaient et appliquaient les mécanismes. Le prince Lek
III Dukagjini qui a donné son nom au plus célèbre code de droit coutumier albanais a été
lui-même un grand compilateur de ces normes, comme l'enseigne la tradition. Ensuite, l'existence de la justice vénitienne
et angevine avec ses baillis. Cette justice arbitrait tous les contentieux qui avaient pour ressort territorial la côte.
Enfin la justice ecclésiastique avec les officialités pour la population catholique et les chancelleries des
épiscopes grecs pour la population de rite grec. Les titres nobiliaires portés par
les grands féodaux en Albanie entre
le XIIe et le XVe siècles : Despote Prince, Duc Panhypersébaste Seigneur
in partibus.... Comte Sébaste Archonte Baron Seigneur Chevalier Noble, Gentilhomme Un tel morcellement territorial, politique et juridique ne pouvait que faciliter l'invasion ottomane et
avec le temps elle aboutit à un affaiblissement progressif des grandes maisons princières. C'est alors que,
par un formidable concours de circonstances, apparut dans l'histoire le prince Georges Castriota, dit Skanderbeg, (1403-1468),
petit-fils de Paul Castriota, seigneur de Has et de Mati, parent de Branilo et de Jean Castriota, hauts fonctionnaires du
despote bulgare de Vlora, de la Maison impériale des Assen. Elevé à la cour du sultan à Adrinople,
il prit possession en 1443 du sandjak de Kruja (Kroïa), siège du Primat d'Albanie et organisa autour de lui la
résistance des princes albanais contre l'invasion ottomane. Après avoir âprement négocié,
les princes s'allièrent dans le cadre d'une ligue militaire et politique, dite la Ligue de Lezhe (Alessio), qui devint
le noyau d'une confédération princière présidée par le prince Georges Castriota Skanderbeg
(1444). Cette ligue, consacrée par le serment de la besa (foi jurée) tint tête aux Ottomans pendant 25
ans, malgré les défections et les félonies de certains princes. Vassal sur le papier, mais surtout allié
du roi de Naples Alphonse d'Aragon, Skanderbeg était chef de l'armée de la Ligue et son représentant
à l'extérieur. Il disposait d'une chancellerie, d'un sceau officiel et portait la titulature de Dominus Albaniae
(Seigneur de l'Albanie). Grâce à sa personnalité et à ses pouvoirs d'arbitrage entre les princes,
il fut vite considéré, notamment par les Papes, comme le roi d'Albanie. La titulature officielle de Skanderbeg
que le Pape Pie II lui reconnut, sans que Skanderbeg l'ait demandée ou réellement portée était :
Prince des Epirotes, Prince d'Emathie, roi de Macédoine (du nom antique de la province d'Illyrie à l'époque
romaine). Les Albanais considèrent Skanderbeg comme le
seul vrai roi digne de ce nom. C'est un parti pris romantique. Sa maison est considérée souvent comme souveraine.
Le casque de combat de ce prince, offert par le Pape Pie II est considéré comme la couronne d'Albanie et figure
sur les armoiries de tous les royaumes et républiques albanais. C'est en souvenir de Georges Castriota, que le prince
de Wied prit symboliquement le nom de Skanderbeg II et le roi Zog, celui de Skanderbeg III. Après la mort
de Skanderbeg en 1468 et les défaites successives des Albanais, les Ottomans brisèrent définitivement
la résistance des princes en 1479. Une partie des grandes familles s'expatria sur les terres du roi de Naples, une
autre s'éteignit. Beaucoup de rejetons se convertirent à l'islam et se soumirent au sultan qui leur accorda
les titres de pacha et ne les déposséda pas immédiatement de leurs domaines. Ces princes devinrent les
gouverneurs féodaux de leurs anciennes possessions devenues des timar avec titres de timarli et de spahis héréditaires.
Un cas célèbre est celui de certains princes Dukagjin turcisés (les Dukagjin-Zadé) qui donnèrent
des hauts fonctionnaires à la Sublime Porte, ainsi que des écrivains. Certaines de
ces grandes familles subsistent en Italie. On a différentes branches féminines des Castriota-Skanderbeg et on
se questionne s'il n'y aurait pas des rejetons de la célèbre famille des Muzakia. Une seule famille en Albanie,
de confession orthodoxe comme les Muzaka, porte ce patronyme et se veut par sa propre tradition l'héritière
de ces princes, mais les preuves de la filiation demeurent difficiles à établir. Mais pour la plupart ces familles
ont disparu, à moins de considérer que des branches agnatiques existent encore en Albanie au sein des clans
qui furent leur berceau. La Maison des Gjomarkaj des Mirdites prétend descendre des princes Dukagjin, le clan de Kastrati
se dit parent des Castriota, la grande famille actuelle des Toptani s'arroge la postérité des Thopias. Quoi
qu'il en soit, avec l'extinction sur le territoire albanais de ces familles, se referme tout le chapitre de la noblesse médiévale
de l'Albanie. La noblesse stradiote sera comme le chant du cygne de la tradition nobiliaire chevaleresque albanaise. Les grandes familles princières
et seigneuriales albanaises (XIIe-XVe siècles). ALTISFERI (ZACHARIA) ARIANITI (ARIANITE-COMNENUS) BALSHA (BALSA, BALSIA, BALSIC) BLINISHTI (BLENISTI) BUA CERNOE (CERNOEVIC, DJURADJ, GJURA, JURA-CERNOEVIC) CHINARDI DUKAGJINI (DUCAGINI) DUKAGJINI/ PERLATI DUSHMANI ENGJELLI (ANGELI DE DRIVASTO) GANXA (CANCA, CHANZAS, GAZZA) GAZULLI GROPA JONIMA (GONIMI, GONEMA) KASTRIOTI (CASTRIOTA) KUQI (CUCHI, CUCCI, CUCCIA) LANCIA MATRENGA (MATARANGO) MAZREKU (MASARACHI) MUZAKA (MUSACHIA) RERES* SKURRA (SCURA,
SGURO, ZGOURO) SKURRA/ PROGONIATI SPANI TOPIA (THOPIAS) TRIPALDO (TRIPALDA, ATRIBALLA) VRANA (URANUS) * Famille dont on doute encore de l'existence, même si son nom figure
dansnombre de documents du XVe siècle. Peut-être une branche des Kuqi (Cuccia). 5.- Les grandes phratries et les grandes familles nobles stradiotes. 1.- Origines. L'invasion ottomane des Balkans
occidentaux entamée dès le milieu du XIVe siècle bouleversa profondément l'organisation gentilice
en Albanie. Les conditions économiques particulières, les combats incessants et les mouvements migratoires des
XIIIe-XVe siècles, donnèrent lieu à une émigration massive d'Albanais du centre et du sud du pays
vers les régions grecques et notamment vers l'Achaïe et quelques îles comme Hydra. Il s'agissait généralement
de phratries qui se séparaient de leurs clans d'origine sans entièrement couper les liens avec leurs proches
restés dans le pays et qui allaient s'établir dans les pronia que les empereurs grecs leurs concédaient
en échange d'une participation armée de la phratrie dans les combats défensifs de l'Empire byzantin encerclé
par les Turcs. Cette vague de migration nord-sud d'Albanais appelés stradiotes qui avait timidement commencé
dès le Xe siècle s'intensifiera tout au long des XIVe et XVe siècle et jusqu'au premier quart du XVIe
siècle. Les stradiotes, excellents combattants à cheval entrèrent au service de Naples, de Gênes
et surtout de Venise dans les possessions de la République de Saint-Marc en Grèce, notamment à Neapolis
de Romanie (Nauplie). Par la suite nous verrons des stradiotes albanais comme gouverneurs de possessions vénitiennes
sur la côte dalmate comme par exemple à Sibenico. Ils y fondèrent des katund (chatoun), à savoir
des villages sur des critères gentilices soudés par les liens de sang et un patronyme commun. A chaque avancée
significative des Ottomans, des contingents stradiotes quittaient leurs chatoun pour aller s'établir en Italie et y
fonder de nouvelles communautés, appelés Arberesh qui y subsistent encore. De grands noms de familles stradiotes
s'y perpétuent. D'autres stradiotes reviendront en partie en Albanie entre la deuxième moitié du XVIe
et la première moitié du XVIIIe siècle, réintégrant pour certains leurs clans ou leur fare
(semence) d'origine. Les souches stradiotes fourniront le gros des contingents d'Albanais qui serviront, comme mercenaires
dans les armées des rois de France (de Charles VIII à Louis XIII), de l'Empire (de Maximilien Ier d'Habsbourg
à François Ier d'Habsbourg-Lorraine) ou du Royaume de Naples sous les Bourbons (XVIIIe-XIXe siècles).
La garde dite arnaoute (albanaise), garde prétorienne des voïvodes régnants de Moldavie et de Valachie
du XVIe au XVIIIe siècle sera organisée sur le modèle stradiote. La palikaria, la milice non permanente
des Albanais de Grèce au service de la Sublime Porte jusqu'à l'indépendance de la Grèce, formée
des palikarès, à savoir des chefs des phratries, avait hérité du souvenir et des pratiques stradiotes.
C'est du sein de la palikaria que sortiront les principaux héros de l'indépendance grecque, notamment les Mavromihali,
les Zavella ou les Bocari. Le contingent stradiote était assez hétérogène, mais il était
composé en grande partie de cadets de grandes maisons albanaises ou gréco-albanaises ou de polémarques
et autres filarques des clans du sud de confession orthodoxe. On retrouve chez les stradiotes des noms illustres comme les
Bua, les Muzachia, les Arianiti, les Anges, les Matarango, peut-être aussi des Balsha ou des Thopias. Chefs de phratries,
puis chefs de chatoun et surtout capitaines militaires, les 70 grandes souches stradiotes albanaises sont à l'origine
de la plupart des grandes familles de la noblesse ionienne, de celle de l'île de Hydra et d'une partie des grandes familles
grecques. 2.- Le
droit nobiliaire des familles stradiotes. Contrairement à Naples qui a pu anoblir et conférer des
titres aux principaux capitaines stradiotes à son service, Venise est restée fidèle à sa tradition
de ne pas créer une nouvelle noblesse dans ses possessions. La Sérénissime ne voulait pas que des étrangers
comme les Albanais ou les Grecs, nations au demeurant vaincues et qui devaient rester dociles et soumises à la Signoria,
acquissent des privilèges nobiliaires. Toutefois, la République n'hésitait pas à reconnaître
une certaine préséance aux cadets des grandes familles impériales comme les Lascaris ou les Paléologues
ou à ceux des familles despotales ou princières comme les Arianiti ou les Muzachia. Elle savait aussi récompenser
matériellement et moralement les principales « têtes » stradiotes (caput strathiotorum).
Se refusant catégoriquement à accorder un titre nobiliaire quel qu'il fût et même, ce qui n'était
pas le cas à l'époque de la grande noblesse féodale des XIIe-XVe siècles, à reconnaître
les titres byzantins, Venise gratifiait ses capitaines stradiotes de qualificatifs honorifiques entre lesquels il se créa
une relative hiérarchie impliquant une différence de solde : on pouvait ainsi être qualifié
de strenuo (vaillant) ou alors de spectabilis miles. Très peu de têtes stradiotes furent faits chevaliers de
Saint-Marc avec prédicat de « cavalier », titre qui aux yeux des stradiotes faisait de son titulaire
un « Grand » parmi les chefs, même si Venise ne le revêtait pas de la noblesse vénitienne
et ne l'inscrivait pas sur son Libro d'Oro. Elle ne s'opposait pas cependant à ce qu'un tel titre facilitât la
création de liens presque vassaliques entre des dynastes locaux, chefs de phratries et les autres. Un tel honneur fut
accordé à certains Bua, à des Frachery (Frassni) ou à des Busicchi. Un des critères non
écrit à son octroi semble avoir été l'exemplarité de la lignée sur trois générations
par la fidélité, les armes et la sagesse (fide, virtute et strenuitate) - Théodore Ier Frashni était
à la fois strenuo cavalier et docteur illustre - au service de la Sérénissime. Cette situation ne commença
à changer qu'après la chute du Péloponnèse dans les mains des Turcs,
lorsque les gentilshommes stradiotes furent évacués vers les îles ioniennes, du moins pour ceux qui n'avaient
pas déjà quitté la Morée pour passer en Italie ou retourner en Albanie (comme pour certains Frachery,
les Pilicca et des Meksi). A ce moment-là, comme le rappelle le prince Sturdza, les anciennes pronia, devenues des
fiefs, commencèrent à être détenus à titre héréditaires par les chefs stradiotes
qui s'arrogèrent aussi l'hérédité de la fonction de capitaine. Les premiers Livres d'Or de la
noblesse corfiote traduisent par l'héraldique cette nouvelle réalité. Ceux des stradiotes albanais qui obtinrent des titres, d'abord
« ad personam » furent notamment les Bua-Shpata et les Basta, mais aussi quelques Muzachia, les Buscaïa,
les Hallambresi (Calambressi), les Kokini (Cochini), les Golem-Arianiti, les Mavromati ou encore les Misuhra. Entrés
au service des empereurs germaniques, comme les Bua - le cas typique est celui de Mercurius Bua-Shpata, capitaine de la chevalerie
légère de l'empereur Maximilien d'Autriche, comte de Roccasecca - et les Basta ou du roi de France comme les
Muzachia ou les Bohali, dont un rejeton fut fait chevalier de l'Ordre de Saint-Michel, ils furent faits, d'abord à
titre viager, chevaliers puis comtes. Le comte Georges Basta, grand promoteur de la cause albanaise auprès des cours
occidentales, fut chambellan de l'empereur germanique Rodolphe II d'Habsbourg et laissa de nombreux écrits sur l'art
militaire. Beaucoup de maisons nobles de Belgique descendent des Basta. Beaucoup de descendants des
grandes familles stradiotes subsistent aujourd'hui, à la fois en Grèce, en Albanie et en Italie. Liste des principales familles noblesstradiotes de souche albanaise. AVLONITI
(VLORA) BASTA BERBATI (BARBATI) BORSHI BRUTI BUA BULGARI BUSKAJA (BUSCAYA) BUZIQI
(BUSICCHI, BUSICCHIO) DARA DOREZA (DORESI) FRASHERI (FRACHERY, FRASHNI, FRASSINI, FRASSINA, FROSSINA) GRAMBEZI
(GRAMBESSI, GRAMSCI) GRIMANI GJATA (GIATA) GJERBESI (GERBESI, GERBESSI) GJURA-CERNOE (JURA) HALLAMBRESI
(CALAMBRESSI) HELMI (HELMO, CHIELMI) KABASHI (CABASSI) KEMBETHEKRA (COMBOTECRA) KLADA (CLADA) KRYEKUQI
(CRUECHUCHI, CREOCHUCHIO) KULLURIOTI (COUNDOURIOTES) LEKUREZI (LICURSI) LOGORECI LOPËZI (LOPESSI,
LOPSI) MANEZI (MANESSI) MARMORA MARULI (MAROULI) MATRANGA (MATARENGO) MAURIQI (MURICHI) MAVROMATI MAZREKU (MASARACHI) MEKSI (MEXA, MESSI, MEXI) MUZAKA (MUSACHIA) PETA (PETHA) PILIKA (PILLICA) PLESHA
(PLEZHA, BLESSA, BLESSIO) PROSSALENDI RRENCI (RENESSI) ZGURI (SCURRA, SGURO, SIGURO) SHPATA (SPATA) VALEMI (VALAMI) VARIBOBI ZAKO
6.- Les grandes familles d'Albanie appartenant à la noblesse étrangère. 1.- Origines. Il s'agit d'un ensemble de grandes
familles d'origine albanaise qui pour diverses raisons historiques se sont expatriées pour s'installer en dehors des
territoires albanais historiques. Cette classe qui n'existe que pour les besoins de l'étude est très hétérogène.
La première composante de cette classe sont les familles qui ont quitté très tôt l'Albanie, soit
dans le cadre du grand mouvement migratoire du XIVe siècle, avant même le triomphe des Ottomans dans les Balkans,
soit en raison de leur promotion par les puissances souveraines étrangères. Dans le premier cas de figure on
peut mentionner la famille Vittorie ou Vittoraï, établie successivement en Dalmatie et en Grèce et qui
a pris par la suite le nom de Capodistria, apportant à l'histoire moderne de la Grèce la contribution unique
que l'on sait. Dans le deuxième cas de figure nous avons la famille Durresi (Durazzo) qui s'enrichit grâce au
commerce avec les Génois et quitta l'Albanie pour être naturalisée par la République et y occuper
les plus hautes charges publiques. Une deuxième composante est celle constituée par les grandes familles féodales
du XVe siècle qui quittèrent le pays à la faveur de la victoire ottomane définitive de 1479 pour
s'établir en Italie du Sud. Les Castriota, les Muzachia, les Dukagjin, les Arianiti, les Engjelli de Drisht (Angeli
de Drivasto) et tant d'autres maisons de grande ou de moins grande noblesse font partie de cette catégorie. Cette noblesse
aimée et protégée par les rois Aragon de Naples fournira un nombre considérable de familles nobles
aux souverains napolitains jusqu'au XIXe siècle, au Saint-Siège et aussi au Royaume d'Italie. Le président
du Conseil italien Francesco Crispi descendait directement de cette noblesse dite arberesh. Elle donnera plusieurs princes
romains et du Saint-Empire, des cardinaux et un Pape à la chrétienté : Clément XI Albani,
de la famille des Laizzi (Lajçi). Enfin, les Engjelli de Drisht obtiendront de différents Papes, notamment de
Saint Pie V, des lettres attestant leur filiation impériale avec les Anges Comnènes de Byzance, affiliation
contestable à plus d'un titre. C'est pourtant à ce titre qu'ils remettront au goût du jour le célèbre
Sacré et Militaire Ordre constantinien de Saint-Georges, dont ils assureront le Grand-Magistère héréditaire
jusqu'à sa vente aux ducs de Parme. La troisième composante comprend les familles albanaises d'où sortirent
les capitaines stradiotes anoblis en bonne et due forme par les souverains étrangers du Saint-Empire, de la France,
de l'Espagne, des duchés italiens, des Etats pontificaux et par Venise après le XVIIe siècle. Nous en
avons énuméré un certain nombre dans la partie consacrée aux familles stradiotes. La quatrième
composante enfin est celle des familles albanaises qui firent fortune et accaparèrent des charges suprêmes dans
le cadre de la Sublime Porte et de ses pouvoirs parallèles comme le Patriarcat de Constantinople ou les principautés
moldo-valaques qui lui étaient religieusement subordonnées tout en restant sous la suzeraineté ottomane.
Ces familles interagissaient pour partager le pouvoir, comme c'est le cas pour les grands vizirs albanais Qyprilli (Köbrülü)
qui aidèrent les drogmans albanais de la Porte, les futurs princes Gjika (Ghika), a prendre le contrôle des principautés
moldo-valaques au début du XVIIIe siècle. Un siècle plus tard, les Pano, une branche des Pano de Frasheri,
deviendront cameïcams de Moldavie. Les Ghika seront très actifs dans le combat pour l'émancipation de la
Sublime Porte, avec la princesse Elena Ghika - Massalskaïa ou le prince Albert Ghika qui aspirait au trône d'Albanie
en 1912. Dans un autre contexte, l'Egypte, partie intégrante de l'Empire ottoman recouvrera son autonomie, puis son
indépendance, sous l'autorité de la famille albanaise de Mehmet-Ali qui soumit les Mamelouks au début
du XIXe siècle. Cette famille devenue royale accordera à des familles archontales albanaises comme par exemple
aux Adamidi-Frachery ou aux Turtulli le titre de bey d'Egypte. A mentionner ici aussi toutes les familles albanaises qui s'impliquèrent
dans les combats pour l'indépendance grecque et la consolidation du nouvel Etat hellène comme les Bocari (Botzaris),
les Mavromihali, les Miaouli, les Colocotroni ou les Koundourioti. 2.- Le droit nobiliaire. Appartenant à la noblesse étrangère,
ces familles ont été sous l'empire des règles nobiliaires en vigueur dans chacun des pays dans lesquels
elles se sont intégrées. Depuis son indépendance et à l'exception de la période communiste,
l'Etat albanais n'a jamais interdit le port de titres étrangers sur son territoire. La Constitution de 1928 qui interdit
l'octroi de titres à des sujets albanais, autorise en revanche le port de leurs titres par les étrangers ou
les Albanais ayant été anoblis par des puissances étrangères. Liste des principales familles albanaises appartenantà la noblesse étrangère (tout pays
confondu) ADAMIDI BEY FRACHERY (ADHAMIDHI-FRASHERI) ALBANI (ALBANI-LAIZZI ou LAJCI) ANGELI (COMNENI) (ENGJELLI DE DRISHT) AVLONITI (VLORA) BASTA BOTZARIS
(BOCARI) BRUTI BUA-SPATA CASTRIOTA-SKANDERBEGH (KASTRIOTI) COUNDOURIOTI (KULLURIOTI) CRISPI DE
BASILLIS (VASILI) DUKAGJINZADE DURAZZO (DURRESI, DURRESAKU) GHIKA DE VALACHIE (GJIKA) GHYIKA DE DESZENFALVA
(GJIKA)* JOULATI (ZHULATI) KOBILI (KOPILI) KÖPRÜLÜ (QYPRILLIU) KOSOVA LAPATZAÏA LUPI DE VALACHIE (LLUPI) MAVROMICHALIS (MAVROMIHALI) MEHMETALIDES (FAMILLE ROYALE D'EGYPTE) MUZACHIA (MUZAKA) PANO SINA SKENDERLICS (SKENDERI) SOKOLI TURTULLI BEY KORCA VITTORAÏ/ CAPODISTRIA VLORA VRIONI
* Les deux Ghika sont alliées
par mariage,mais n'ont pas de souche commune. 7.- Les grandes familles de l'histoire moderne de l'Albanie et fondatrices de l'identité albanaise. 1.- Origines. Cette catégorie
regroupe les grandes familles subsistantes ou éteintes qui se sont particulièrement illustrées dans l'histoire
moderne de l'Albanie dans la défense des intérêts nationaux, dans la promotion de la culture et de la
langue albanaises, dans le combat pour l'émancipation du pays de la Sublime Porte, dans l'édification du nouvel
Etat albanais après 1912 et dans le gouvernement du pays jusqu'en 1945. Il s'agit d'une catégorie hétérogène
comme celles qui ont précédé où l'on retrouve de très anciennes familles de la noblesse
féodale des XIIe-XVe siècles comme les Castriota-Skanderbegh, des descendants stradiotes comme les Meksi, des
familles albanaises appartenant à la noblesse étrangère comme les Ghika, les Koundourioti, les Rodotà
ou les de Rada, des familles du patriciat urbain comme les Kamsi, les Radovani, ou encore les Logoreci, de grandes familles
beylicales comme les Vlora, les Libohova, les Vrioni, les Konica, les Sulemanbelli, les Vila, les Dako et les Velibelli de
Frachery ou les Kelcyra, une future maison souveraine, celle de Zog, la maison princière des Gjomarkaj d'Orosh, ainsi
que de grandes familles archontales orthodoxes comme les Turtulli, les Adamidi, les Totoni et les Pano de Frachery. On peut
dire que cette catégorie représente la synthèse et l'aboutissement du processus de consolidation des
grandes familles albanaises. En effet, contrairement aux catégories précédentes, cette dernière
a pour dénominateur commun l'attachement viscéral à la cause albanaise, la conscience de l'appartenance
à la nation albanaise avec la volonté ferme de ne jamais se séparer des racines albanaises ancestrales
dans quelque condition que ce soit. Toutes les grandes familles de cette catégorie ont fait la preuve de ces qualités
sur trois ou plusieurs générations. Leur nom reste toujours évocateur d'évènements majeurs
dans l'histoire de l'Albanie, leur souvenir se maintient et leur postérité humaine et historique est en grande
partie toujours assurée. La noblesse d'Albanie subsistante à l'heure actuelle est presqu'en totalité
issue de ces familles. L'affirmation
de ces grandes familles de la dernière période commence au XVIIIe siècle avec la consolidation des grandes
familles beylicales de souche albanaise dont les titres ottomans qui sont d'abord des charges publiques comme c'était
déjà le cas sous l'Empire byzantin, deviennent héréditaires au profit des aînés de
ces maisons. Titres ottomans portés en Albanie
et devenus héréditaires Pacha
(Prince)
Bey (Prince, duc, Comte)
Agha (seigneur)
Effendi (noble, homme honorable) Le titre de bey était porté par tous les fils mâles d'un pacha et il devint vite
un titre de courtoisie que l'on accolait au nom d'illustres personnages, même quand ceux-ci n'y avaient aucunement droit. Toute
une caste de pachas albanais voit ainsi le jour qui donne à la fois des grands vizirs à la Sublime Porte et
des chefs aux rébellions anti-ottomanes qui éclatent en Albanie tout au long des XVIIIe et XIXe siècles.
Un bon exemple est celui de la famille des pachas de Vlora dont sont issus plusieurs grands vizirs, mais aussi le premier
chef de l'Etat albanais indépendant, Ismaïl Qemali bey Vlora. Deux autres exemples sont ceux d'Ali Pacha de Tébélen
et de Yanina qui devint pour de nombreuses années un souverain indépendant de la Porte de toute une partie de
l'Albanie et de la Grèce, mais qui fut vaincu par les Ottomans et décapité en 1822, et de Kara-Mahmoud
Pacha Bouchatliu de Shkodra qui essaya entre 1775 et 1790 de créer une confédération illyrienne indépendante
de l'Empire ottoman et qui fut aussi vaincu. Entretemps, des familles albanaises orthodoxes de la région de Moschopolis,
de Korça, d'Argyrocastra, de Berat et de Permet s'installent à Constantinople, acquièrent savoirs et
richesses et s'érigent en représentants de la population orthodoxe albanaise qui souffre d'un manque de reconnaissance,
à la fois de la part du Patriarcat grec de Constantinople qui les assimilait aux Hellènes et de la part du sultan,
pour lequel il n'y avait pas de nation albanaise, mais seulement des Turcs, des Grecs et des Latins. Les familles beylicales
et les grandes familles chrétiennes orthodoxes et catholiques se retrouvèrent au milieu du XIXe siècle
sur la question de la négation de l'albanité et de l'albanisme dans une époque où les nationalismes
faisaient l'histoire. Les réformes occidentalisantes de la Sublime Porte qui n'arrêtaient pourtant pas son affaiblissement,
le triomphe du principe des nationalités et les projets d'annexion de territoires albanais de la Turquie d'Europe,
mobilisèrent les grandes familles musulmanes et chrétiennes, notamment celles qui vivaient à Constantinople,
en Egypte, en Roumanie ou en Grèce. Sur l'exemple de l'Hétairie grecque, les 28 représentants de la communauté
des notables albanais de Constantinople créèrent dans cette ville la Société des lettres albanaises
en 1879 sous la direction de Sami bey Frachery, qui suivait la fondation en Albanie de la Ligue albanaise de Prizren de 1878
présidée par Ymer bey Prizreni et Abdul bey Frachery et qui avait comme instance de coordination le Comité
secret de Constantinople. La Ligue de Prizren fut dissoute en 1881 avec l'arrestation d'Abdul bey Frachery, mais la Société
des lettres et le Comité secret de Constantinople continuèrent d'exister et d'œuvrer à la fois
pour l'ouverture des écoles pour l'enseignement de l'albanais, l'adoption d'un alphabet latin et l'indépendance
du pays. Une fois l'indépendance acquise en novembre
1912, les grandes familles en prirent la direction, mais non de manière exclusive. Le prince souverain Guillaume Ier
de Wied choisi par les grandes puissances en 1914 réunit autour de lui un cabinet de la Pairie d'Albanie où
l'on comptait les princes Toptani pacha, Vrioni pacha, Adamidi bey Frachery, Turtulli bey Korça, Bib Doda des Gjomarkaj
d'Orosh. Même après son départ en septembre 1914, ces familles assureront de manière chaotique
le gouvernement de l'Albanie et ce, malgré les changements de régime. Président de la République,
Ahmed bey Zogolli, s'appuiera sur les familles des grands beys comme les Vrioni, les Frachery, les Libohova ou les Juka. Roi
des Albanais de 1928-1939, il ne cessera de s'appuyer sur les grandes familles, même s'il veillera à ce qu'une
nouvelle aristocratie de fonction composée de jeunes cadres instruits issus de familles notables ou de grande bourgeoisie
vît le jour. Les Italiens qui envahiront l'Albanie, puis les Allemands, utiliseront certains membres de grandes familles,
tour à tour adversaires du roi Zog ou des Italiens ou des deux à la fois, pour donner une apparence nationale
à leur invasion du territoire. Avec l'instauration du régime communiste
les têtes des grandes familles beylicales partirent en exil, de même que beaucoup de grandes familles chrétiennes.
Ceux qui restèrent en Albanie furent la plupart du temps assassinés, emprisonnés ou déportés.
D'autres furent simplement réduits au silence et à l'effacement. 2.- Le droit nobiliaire positif.
Le droit nobiliaire positif est régi par un ensemble de textes contradictoires et par une pratique. L'article
17 du Statut organique ou de la Constitution d'avril 1914 promulgué par le prince souverain Guillaume Ier de Wied,
reconnaît au souverain la faculté d'accorder des récompenses et des titres d'honneur (tituj nderi).
Aucune disposition n'interdisant l'octroi de titres de noblesse par ailleurs, on peut en déduire que le prince pouvait
en accorder à sa discrétion. La Constitution précise toutefois qu'il doit s'agit de titres d'honneur,
honorifiques et donc dépourvus de toute logique d'apanage, de majorat ou d'octroi de fiefs. L'article 17 semble avoir
été calqué sur les dispositions et la pratique moderne des constitutions écrites ou coutumières
des royaumes européens qui n'accordent qu'une noblesse honorifique. Le Statut organique de 1914, octroyé par
le prince de Wied, a été implicitement aboli par la Constitution républicaine de 1925 et par le Statut
organique de novembre 1928 promulgué par le roi Zog Ier. Les Wied considèrent cependant qu'il reste toujours
en vigueur. Si l'on s'en tient maintenant au Statut fondamental de novembre 1928, à savoir à
la Constitution monarchique promulguée par le Roi Zog Ier des Albanais, la noblesse titrée n'existe pas. L'article
87 de la Constitution dispose qu'il n'y a d'apanages que pour le roi, la reine mère, l'héritier du trône,
les mâles mineurs et les filles nubiles ou les veuves du roi mort, et aussi pour les régents durant l'exercice
de leurs fonctions. L'article 98 est encore plus explicite : « Le roi porte le titre de Sa Majesté,
l'héritier prince d'Albanie de Son Altesse, la reine mère et la reine de Sa Majesté, les frères
consanguins et les fils du roi de Princes ; les sœurs consanguines et les filles de Princesses ; ces deux
derniers titres ne sont pas héréditaires, et ils peuvent, à l'occasion, être enlevés par
décret royal. Ceux-ci mis à part, l'Albanie ne peut accorder des titres de noblesse, et les Albanais n'en peuvent
porter dans leur pays ». Le système albanais est ici très proche de celui grec ou norvégien.
Si constitutionnellement il n'y a pas de noblesse albanaise identifiée, la noblesse antérieure à la monarchie
de 1928 n'est pas proscrite, ni ostracisée, à beaucoup près. Deux exemples suffisent à le prouver :
quinze jours avant l'entrée en vigueur de la Constitution de 1928, le roi Zog Ier octroie à titre de confirmation
le titre héréditaire de duc de Durazzo avec prédicat d'Altesse, à la famille Béguin-Billecocq
reconnue ainsi - de manière discutable - comme héritière directe de la Maison capétienne d'Anjou-Durazzo
qui régna sur l'Albanie au XIVe siècle. S'il est vrai que la patente royale du 15 octobre 1928 fut prise avant
l'entrée en vigueur officielle de l'article 98 précité de la Constitution, il est tout aussi vrai que
le roi Zog Ier entendait assouplir d'avance ses dispositions. Il en découla indirectement, que le Royaume d'Albanie,
s'il ne créait pas des titres ex nihilo, reconnaissait ceux déjà existants au profit de ressortissants
étrangers vivant en Albanie ou de ses sujets albanais anoblis par d'autres souverains avant l'entrée en vigueur
de la Constitution. Le deuxième exemple découle du premier : tous les grands beys investis par l'Empire
ottoman ou anoblis par les souverains d'Egypte gardèrent leurs titres, devenus certes des titres de courtoisie, mais
qui ne furent jamais officiellement interdits par un décret royal bien que, en 1921, le Parlement eût pris la
décision de proscrire l'utilisation des titres de bey dans son enceinte. De plus, la qualité de grande famille,
de grande noblesse non titrée, ne fut jamais mise en cause sous le règne de la Maison de Zog. A
côté de ces dispositions il y a une pratique qui sans distinguer sur des critères d'honorabilité
entre les grandes familles, donnait lieu à une hiérarchie variable entre elles. Venaient ainsi en premier les
familles beylicales latifondiaires (landowners) titulaires de pachaliks et qui avaient présidé les comités
ou les sociétés représentatives de la nation albanaise avant l'indépendance du pays et assuré,
après cette indépendance, le gouvernement du pays. Venaient ensuite les grandes familles musulmanes et chrétiennes
qui avaient présidé, dirigé ou fait partie active des mêmes instances sur une période d'au
moins de trois générations. Celles-ci étaient suivies des grandes familles qui sans avoir été
à la tête du mouvement national, avaient assuré des charges publiques fondamentales et notamment dans
les grands centres urbains. Il y avait aussi les dignitaires des grands ordres dynastiques de la Maison de Wied et de la Maison
de Zog, à savoir les commandeurs, les grands-officiers et les grand'croix de l'Etoile noire, de Skanderbeg et de la
Bessa. Cette hiérarchie n'avait rien d'officiel et chaque échelon était imbriqué dans l'autre
par cousinage, mariage ou amitiés et fraternisations ancestrales. Les Constitutions communistes de 1946 et de 1975 ont évidemment
proscrit toute référence à la noblesse. Les Constitutions de 1991 et de 1998 ne l'interdisent pas, mais
n'envisagent nullement sa résurgence. Après la chute du communisme, le souvenir des grandes familles s'était
en effet perdu. Depuis quelques années toutefois, un grand engouement pour l'histoire de ces familles s'est emparé
de l'Albanie. Le président de la République a par exemple présidé une conférence sur les
familles nobles en 2008. Cela dit, les descendants des véritables grandes familles sont dispersés un peu partout
dans le monde. Certains d'entre eux souhaitent la création d'une association de la noblesse d'Albanie qui réunirait
le maximum de rejetons de ces familles, afin de retisser les liens ancestraux et de contribuer à leur visibilité,
dans l'intérêt même de la mémoire commune et de l'avenir de l'Albanie. Liste des grandes familles d'Albanie* *
Cette liste ne saurait prétendre à l'exhaustivité : il estpossible que d'autres familles puissent un jour y être inscrites. ADDENDUM : Héraldique des grandes familles d'Albanie Comme
a très bien pu le montrer Alexandar Matkovsky dans un travail de référence de 1969, l'Albanie est le
pays pionnier en matière d'hérauderie dans les Balkans. C'est dans ce pays que l'influence esthétique
de la féodalité franque fut la plus marquante sur les familles nobles, à la fois grâce aux éléments
préhéraldiques introduits par la présence normande (XI-XIIe siècles) et à cause de la domination
angevine et vénitienne. Les provinces albanophones de l'Achaïe et de l'Epire jusqu'à Durazzo ont aussi
bénéficié de leur inclusion dans la sphère de domination des principautés franques qui
fleurirent dans le bassin ionien et égéen avec la chute de Constantinople dans les mains des Latins en 1204.
Les armes les plus anciennes d'une famille de la haute noblesse retrouvées jusqu'à ce jour sont celle des sébastes
et comtes Skurra, dans une ancienne abbaye au nord de l'Albanie (Saint-Antoine de Corbini) et qui seraient datées des
années 1280. Au XIVe siècle nous aurons celles des despotes Muzachia, des comtes Thopias, des seigneurs Zacharia,
etc. Au XVe ce seront les Arianites, puis les Dukagjin et les Castriota qui feront apparaître les leurs. L'invasion
ottomane mit un terme brutal au développement de l'héraldique en Albanie pendant plus de 450 ans. Toutefois,
en Italie et dans les possessions vénitiennes, la noblesse albanaise émigrée et la noblesse stradiote
se donneront des armes qui perdurent encore. Au XIXe et XXe siècle on a assisté à une timide résurgence
de l'héraldique chez les grandes familles albanaises avec le cas des Adamidi bey Frasheri et des Totoni-Frasheri de
la branche cadette. Aucune des grandes familles musulmanes n'a adopté des armes, la représentation des figures
humaines ou animales étant interdite par l'islam officiel de l'Empire ottoman. Le prince de Wied adopta comme armoiries
officielles celles des Castriota figurant sur le drapeau national, de gueules à l'aigle bicéphale de sable languée,
becquée et membrée d'or avec sur le tout de Wied. Le Roi Zog Ier, dont la famille n'avait pas d'armes, prit
lui aussi celles des Castriota, mais simplifiées. A part le droit commun des droits d'auteur,
aucune réglementation particulière n'encadre l'usage des armes en Albanie. Liste des grandes familles blasonnées d'Albanie
ADAMIDI BEY FRASHERI ALBANI (LAIZZI, LAJCI) ALICKO BEY FRASHERI ALIZOTI
ALIBEGU
BALLAURI BASTA BICAKCIU BEY ELBASSANI BOGDANI BRUTI BUA-SPATA (BUA-SHPATA) BUSHATI BUTKA/ ALICKO-FRASHERI CASTRIOTA-SKANDERBEGH COBA CRISPI (KRISPI) COUNDOURIOTI (KUNDURIOTI) DARA DE RADA DIBRA GAZULLI GHIKA DE ROUMANIE (GJIKA) GJOMARKAJ D'OROSH DES MIRDITES JUKA KAMSI KARAGJOZI KELCYRA KOLOMBI KONICA KÖPRÜLÜ
(QYPRILLI) LIBOHOVA LOGORECI MATRENGA (MATARANGO) MEHMETALIDES (FAMILLE ROYALE D'EGYPTE) MEKSI (MEXA,
MESSI) MIRAHORI BEY KORCA MUZAKA (MUZACHIA) PANO - FRASHERI (FRACHERY) PLESHA (PLEZHA, BLESSA, BLESSIO) RADOVANI RODOTA SCHIRO SULEMANBELLI BEY FRASHERI SUMA TOPTANI TOTONI - FRASHERI TURTULLI VARIBOBI VELIBELLI BEY FRASHERI VERLACI VILA BEY FRASHERI VLORA VON WIED ZU NEUWIED VRIONI ZOG (ZOGU, ZOGOLLI) Bibliographie BOPPE,
L'Albanie et Napoléon, Hachette, Paris, 1904 CONCILIUM PROVINCIALE SIVE NATIONALE ALBANUM, habitum anno MDCIII,
Typis S. C. de Propaganda Fide, Romae, MDCCVI, réimpression Pristina - Tirana, 2003. J. DEDET, Géraldine,
Reine des Albanais, Critérion, Paris, 1997. J. DEUVE, L'épopée des Normands d'Italie, Charles Corlet,
1995. J. DE MICELI, Une histoire de famille, Tulle, 2003. A. DUCELLIER, B. DOUMERC, B. IMHAUS, J. DE MICELI, Les
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